Sejour Relaxant
Séjour au calme sur une des îles aux chats du Japon : Manabeshima
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- NOM DE LA DESTINATION
- Okayama
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- MOTS-CLÉS ASSOCIÉS
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- DERNIÈRE MISE À JOUR
- 30 Mars, 2021
L’île de Manabeshima (真鍋島) se trouvait tout en haut de la liste des endroits que je voulais visiter au Japon, avant même mon premier voyage dans l’archipel. Cela peut sembler étrange pour une petite île perdue au milieu de la mer intérieure de Seto. Mais il y a au moins deux bonnes raisons à cela : d’abord c’est une “île aux chats”, ensuite un auteur et illustrateur français, Florent Chavouet, a publié un livre à son sujet (Manabé Shima, aux éditions Picquier). C’est ce livre qui avait éveillé mon intérêt pour Manabeshima, où la vie quotidienne semblait paisible, et les paysages enchanteurs.
Quand j’ai eu l’occasion de m’y rendre, je suis immédiatement tombée sous le charme de Manabeshima. C’est aujourd’hui un endroit où j’aime venir me ressourcer, loin de l’activité frénétique des grandes métropoles japonaises. Pourtant, ce n’est que récemment que j’ai séjourné pour la première fois au Shimayado Santora (島宿三虎), une auberge construite sur la plage, à l’écart des habitations : l’endroit rêvé pour se détendre et oublier les soucis du quotidien — ou faire une pause bienvenue dans un itinéraire de voyage chargé.
Séjour dans un cadre paradisiaque à l’auberge Santora
J’ai débarqué avec le dernier bateau de la journée. Bien que la soirée ne faisait que commencer en ville, Manabeshima, plongée dans l’obscurité, semblait déjà endormie. Le petit sentier qui mène au Santora n’était que sommairement éclairé, donnant au trajet de moins de 10 minutes un air d’aventure. Mais la silhouette de l’auberge s’est bientôt dessinée en contrebas et j’ai pu apercevoir Michiru Hisaichi, la propriétaire, qui venait à ma rencontre, inquiète que j’aie pu trouver mon chemin sans embûches dans la nuit.
Je ne pouvais alors que deviner le paysage où se niche le Santora : une petite baie entre la colline et la mer, dotée d’une belle plage de sable et plantée de palmiers… un décor de carte postale que j’attendais avec impatience de découvrir à la lumière du jour. Michiru m’a conduite jusqu’à une chambre traditionnelle japonaise, située dans le bâtiment de l’ancienne école primaire, et m’a invitée à descendre au restaurant dès que je serais installée.
C’est un véritable festin qui m’attendait, composé principalement de poissons et autres fruits de mer pêchés dans les eaux de Manabeshima. Beaucoup de ces poissons ne sont pas de ceux que l’on mange couramment, et pour m’expliquer ce que j’avais dans l’assiette, Michiru m’a apporté le livre de Florent Chavouet, qui avait eu la bonne idée de profiter de son séjour pour dessiner un lexique des poissons de l’île. Finalement, la plupart de ces poissons n’a tout simplement pas de nom français ; mais le meilleur moyen de découvrir les saveurs du sawara, de l’hirame ou du suzuki reste d’y goûter. Le dîner du Santora est un régal pour les amateurs de poisson, mais aussi sans doute un excellent moyen pour les autres de revoir leurs préjugés.
Repue, je suis montée dans la chambre, où un futon avait été déplié et fraîchement recouvert d’une couette duveteuse. Michiru et Hironobu Hisaichi étaient pourtant seuls à s’occuper de l’auberge, et tous deux affairés en cuisine. La magie le l’omotenashi, l’hospitalité japonaise, avait opéré. Pour parfaire cette soirée et me préparer à une bonne nuit de sommeil, il ne me restait plus qu’à me plonger dans les eaux fumantes du bain extérieur sous un ciel étoilé.
Suivant les conseils de mes hôtes, je suis descendue sur la plage à l’aube pour admirer le lever de soleil. J’y ai passé presque une heure, seule, sans même un chat pour me tenir compagnie — eux préfèrent guetter le retour des bateaux de pêche sur le port. Le ciel et la mer ont imperceptiblement changé de couleur, du rose pastel de l’aurore à l’orange flamboyant qui a embrassé la plage et les bâtiments du Santora quand le soleil est enfin apparu derrière le relief de l’île voisine de Sanagijima.
Le petit déjeuner, typiquement japonais, n’avait rien à envier au dîner de la veille : une savoureuse soupe miso au poisson, du riz, de la salade, de l’omelette japonaise, des fruits et divers autres accompagnements mettaient en valeur rien de moins qu’une… sole meunière ! Notez qu’un bassin pour conserver des poissons vivants est aménagé près de la cuisine, et qu’un grand potager est cultivé par les propriétaires juste derrière l’auberge, vous pouvez donc deviner la fraîcheur des produits servis à la table du Santora.
Michiru et Hironobu m’ont confié recevoir régulièrement des visiteurs européens depuis la sortie du livre de Florent Chavouet, venus notamment de France, d’Italie ou encore d’Allemagne. Il en est même fait mention dans la brochure de l’auberge à destination des clients Japonais. On peut y lire : “Venez voir Manabeshima, un lieu qui fascine même les étrangers.” Si le Shimayado Santora est un incontournable pour ceux qui ont découvert Manabeshima à travers le livre de Florent Chavouet, c’est que c’est ici qu’il a logé pendant les deux mois qu’il a passés sur l’île. Les clins d’œil au séjour de l’auteur sont d’ailleurs nombreux, allant d’un dessin original exposé à l’accueil à une illustration sur l’étui en papier des baguettes, sans oublier la collection complète des livres de celui à qui Manabeshima et le Santora doivent une réputation internationale pour le moins inattendue.
Le village de Honura, quartier général des chats de l’île
Le Shimayado Santora est un tel paradis que beaucoup ne viennent à Manabeshima que dans le but d’y séjourner. Il est naturel d’avoir envie de profiter au maximum de la plage, mais il me semble tout de même dommage de ne pas partir à la découverte du reste de l’île. Sur une superficie de 1,48 km2, Manabeshima compte deux villages de pêcheurs, une route de moins de 2 km de long, 3 sanctuaires, 1 temple, environ 200 habitants… et quelques dizaines de chats.
Ces derniers attirent amoureux des chats et photographes, attendus par un comité d’accueil félin sur le port de Honura. On ne trouve pas à Manabeshima des hordes de chats capables de rivaliser avec celles d’Aoshima, mais plutôt des chats vaquant tranquillement à leurs occupations, seuls ou par petits groupes. Certains accourent vers vous en miaulant et vous suivent dans les ruelles en se frottant à vos jambes, tandis que d’autres font mine de vous ignorer tout en vous surveillant du coin de l’œil. Alors que je m’étais accroupie pour le photographier, un chat s’est précipité sur mes genoux et s’y est lové, bien décidé à ne plus bouger de là ; les chats de l’île ont beau être sauvages, beaucoup adoptent les humains avec plaisir.
Vue imprenable sur la mer intérieure de Seto depuis le parc de Manabeshima
Les ruelles étroites et sinueuses des villages de l’île sont pittoresques et offrent un terrain d’exploration fascinant. Mais on y trouve peu d'endroits où faire une pause ; d’autant plus lorsqu’on veut pique-niquer sans inviter tous les chats du quartier à se joindre au déjeuner. Pourtant, aussi surprenant que cela puisse sembler pour une si petite île, Manabeshima est dotée d’un jardin public charmant et entretenu avec soin : le Manabeshima Fureai Park (真鍋島ふれあいパーク).
Si les habitants mettent un point d’honneur à entretenir ses parterres de fleurs, c’est sans doute parce que Manabeshima, avant de devenir une “île aux chats”, a été une “île aux fleurs”. L’activité principale y a longtemps été la culture des chrysanthèmes, avant que la production ne soit délocalisée ; entraînant le déclin économique et démographique de l’île.
En longeant la mer vers l’ouest depuis le port, une fois passées les dernières maisons, on arrive à un torii de pierre marquant le début du sentier qui grimpe vers le sanctuaire Tenjin (天神神社) puis, encore un peu plus haut, le jardin public. Là-haut, la vue panoramique sur la mer de Seto et l’île voisine de Kitagijima est impressionnante. On y trouve en outre tout ce qu’il faut pour passer un bon moment en famille ou entre amis : des tables de pique-nique et des structures de jeu en bois, plus tentantes les unes que les autres.
Surtout, il ne faut manquer sous aucun prétexte d’y monter si vous visitez Manabeshima à l’époque de la floraison des sakura : le parc est planté de nombreux cerisiers, encore en boutons lors de ma visite début mars, mais qui promettaient d'offrir un cadre idéal pour profiter du hanami au calme.
Comment se rendre sur l’île de Manabeshima ?
Manabeshima est accessible en bateau depuis le port de Kasaoka (笠岡港), un trajet qui prend entre 45 minutes à 1h15 selon qu’il s’agisse d’un bateau express ou ordinaire. 8 aller-retours sont assurés quotidiennement.
Consultez cette page (en anglais) pour des informations détaillées sur les horaires et tarifs.
Le port de Kasaoka est situé à moins de 10 minutes à pied de la gare de Kasaoka (笠岡駅). Depuis la gare Shinkansen d’Okayama, il faut compter 40 minutes pour rejoindre Kasaoka. Okayama étant située sur la ligne du Tokaido-Sanyo Shinkansen, l’accès à Kasaoka est rapide depuis les grandes villes les plus proches : le trajet depuis Kyoto ou Osaka est d’environ 1h40, contre 50 minutes depuis Hiroshima.
Visiter une île aux chats, déguster des poissons de première fraîcheur et séjourner dans une auberge isolée en bord de mer, c’est le trio gagnant que la petite île de Manabeshima offre aux visiteurs assez curieux pour s’aventurer au cœur de la mer intérieure de Seto. Un séjour ici offre une parenthèse enchantée propice au farniente, et un moyen de soutenir l’économie locale pour que leur culture insulaire puisse perdurer.
Photographs and text by Clémentine Cintré
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La région d’Okayama a prospéré comme une région aux éléments culturels variés, dont les sabres, les poteries de Bizen et d’autres pièces artisanales. Grâce à la clémence de son climat, des fruits, pêches et raisins muscat, sont activement cultivés ici. La région comprend aussi des endroits où vous pouvez découvrir les îles de la Mer intérieure de Seto.