Sejour Relaxant
Chiiori – Les charmes d'une kominka traditionnelle du Japon
-
- NOM DE LA DESTINATION
- Tokushima
-
- MOTS-CLÉS ASSOCIÉS
-
- DERNIÈRE MISE À JOUR
- 09 Janvier, 2020
Où suis-je ? La vision trouble, je suis encore dans la brume du réveil, après l’un des sommeils les plus profonds que j’ai connu. Je ressens encore la chaleur d’un futon, dans une kominka ancienne – ces maisons japonaises de bois et à toit de chaume – de la vallée d’Iya, sur l’île du Shikoku.
Alors que je m’assoie, le bois tricentenaire de la charpente se réveille également et grogne. Je cherche ma montre à la lueur des braises, qui rougeoient encore dans le foyer irori, ce cœur des maisons traditionnelles et la caractéristique que je préfère dans la maison que j’occupe. Une kominka restaurée par le désormais célèbre Alex Kerr, qu’il a baptisé Chiiori, littéralement la « Maison de la flûte ».
Comme si j’avais trouvé l’interrupteur naturel, les lumières du jour deviennent flamboyantes, au-delà des montagnes de la reculée vallée d’Iya, et progressivement à l’intérieur de la kominka. Les grandes fenêtres m’offrent une vue panoramique sur la nature matinale et les étapes de l’aube, dans l’ordre le gris réticent, le bleu timide et enfin le doré audacieux qui submergent les feuilles de l’automne. Le soleil commence son ascension.
La maison Chiiori est une demeure au toit de chaume, âgée de plus de 300 ans, et qui remonte précisément à l’ère Genroku (1688-1704), âge d’or de l’époque Edo. Un temps où les bâtisses de ce genre peuplaient largement la vallée, avant de se raréfier au fil des années. Chiiori est spacieuse, avec deux grandes pièces typiques s’agençant autour du foyer irori. Ce qui représente assez d’espace pour loger confortablement sept personnes, et jusqu’à dix voyageurs peuvent y passer la nuit ; pour ceux qui ne sont pas rebuter à l’idée d’être serré.
Ancienne, Chiiori a néanmoins été rénovée avec tout le confort moderne, depuis l’air conditionné, le chauffage au sol, et une nouvelle aile qui abrite deux salles de bains. La plus grande des deux possédant même une grande baignoire en cyprès. L’ensemble représente une combinaison parfaite d’esthétique traditionnelle japonaise et de savoir-faire contemporain.
La grande cuisine de la maison Chiiori possèdent elle-aussi tous les équipements modernes, ce qui permet d’être indépendant et de préparer ses propres repas. En fait, il est même conseillé de prévoir cet aspect en amont, avant de venir, tant le lieu est isolé, avec quasiment pas de boutiques ou de restaurants. Le plus simple est sinon de réserver les repas en avance (préparés par le personnel), ce qui vous permettra d’apprécier un excellent dîner aux saveurs locales et saisonnières.
Bien que Chiiori soit équipée du wifi, je vous recommande de ranger rapidement les appareils électroniques, pour apprécier pleinement l’atmosphère de la kominka en soirée. Si la journée est un ravissement pour les yeux, la nuit devient silencieuse et divine. En dégustant une dernière coupe de saké, captivé par le jeu des flammes de l’âtre, je me suis retrouvé transporté très loin dans le temps, peut-être même dans une autre dimension, très loin des galimatias du quotidien. Un état d’esprit agréable et reposant, qui mérite en lui-même le voyage jusqu’ici.
Le projet de la maison Chiiori a commencé en 1973, sous l’impulsion de son propriétaire et auteur Alex Kerr. L’amour de Kerr pour le Japon, de concert avec le calme hors du temps des montagnes entourant la vallée d’Iya, ont été deux raisons suffisantes pour le décider à acheter une ancienne maison à restaurer, après de longues recherches pour trouver la perle rare.
Le rêve de Chiiori est celui d’Alex Kerr, mais il a rapidement été partagé par ses nombreux amis, tant du monde entier que de la petite communauté locale de la vallée d’Iya. Au fil des années, nombreux ont été les soutiens à ce projet de restauration et de préservation de ce bien culturel en voie de disparition. L’inspiration derrière Chiiori consiste bien à préserver un certain visage du Japon, en reconstruisant des communautés locales centrées sur cette culture traditionnelle.
La situation de la maison Chiiori s’est révélée être parfaite pour un tel projet. La vallée d’Iya pourrait être le théâtre de mythes, comme une continuation vivante des ukiyo-e – ces estampes emblématiques – les plus célèbres. Luxuriante de végétation, depuis des gorges profondes traversées d’eaux bleu turquoise jusqu’à des cascades à flanc de montagne, le secteur est parfois surnommé « le Tibet du Japon » – ce qui se comprend facilement. Le temps s’y écoule plus lentement, et c’est merveilleux.
Texte et photographies de Jason Haidar
Articles liés
DESTINATION LIÉE
Tokushima
Elle a de nombreuses ressources touristiques dont le Détroit de Naruto, un des plus grands courants avec tourbillons du monde et la Vallée d’Iya, qui séduit tous ceux qui découvrent son extraordinaire paysage naturel. Le Festival de Danse Awa, qui attire 1,3 millions de touristes, est à ne pas manquer.